Tuesday, July 28, 2009

Solitudes

Je la vois parmi les étagères de livres : élégante, soignée, belle comme seules les femmes stylées plus âgées peuvent l’être.

Sans souci, je porte ma tenue vélo.

À la sortie de la bibliothèque la vielle dame et moi habillons le même sourire ému en voyant un chien attendre patiemment son maître.

Entre deux respirations elle me raconte l’histoire de son Labrador qu’elle a dû faire euthanasier, elle me décrit la maison qu’elle habitera pour les deux semaines à venir, etc., etc., etc.

C’est étrange la manière qu'ont les personnes âgées de raconter/résumer leurs vies en deux minutes…

Leur solitude m’attendrit tout le temps...

Monday, July 27, 2009

Recette

Pour une fin de semaine réussie :

Il faut d’abord ignorer la pluie qui picore toute âme vivante… Oui, celle qui mouille le pavage de la ville depuis une éternité et un jour!

Il faut prendre ensuite deux fous et les faire monter dans une voiture.

Leur suggérer soigneusement un but dans la vie : prendre un espresso et manger un Tiramisu.

Ajouter comme argument une destination pour un espresso parfait à l’italienne… aussi bon que celui que toute personne sensée peut en prendre sur Via Nazzionalle, à Rome. Le quartier italien à Boston, disons…

Il faut pavoiser la ville de Boston de tout le soleil du monde, celui qui manque éperdument dans la ville d’origine.

En même temps, insuffler une bonne dose de chaleur et relâcher les fous dans la nature : ils sauront quoi faire pour parfaire cette recette : marcher jusqu’à l’épuisement et nager dans le bonheur d’une liberté renouvelée avec chaque respiration.

Ajouter de l'eau et quelques enfants. Laisser le tout mariner pendant deux jours (la fin de la semaine).

Sous une pluie à se noyer debout, ramener les fous-voyageurs à la casse de départ.

Ajouter encore de l’eau et laisser tremper le tout encore une semaine.




Tuesday, July 14, 2009

New York

Marcher, marcher, marcher
Tomber de fatigue
mais marcher encore

Le sevrage de la marche?

Improbable comme le soleil chez nous!

Sunday, July 5, 2009

Soirée

Soirée au bord du fleuve.

Nous nous regardons tous les deux : le fleuve majestueux, tranquille et boueux défiant la pluie, moi, inquiète et ennuyée (de tant de pluie). Entre nous, sur une grosse pierre qui baigne ses pieds dans l’eau, quelqu’un a posé une chaise blanche. Sur la chaise repose une autre pierre, plus petite celle-ci, mais aussi solitaire que le fleuve.

Tableau surréaliste, mais d’autant plus beau dans la noirceur qui tombe implacablement parmi les gouttes de pluie.

Saturday, July 4, 2009

Matin

Avant d’ouvrir mes yeux, furieuse, j’entends ses pas quelque part dans l’appartement. C’est trop tôt, je ne veux pas me réveiller!

Toutefois, plus tard, en ouvrant les yeux, je baigne dans l’encre brune de ses yeux. Submergée par le bonheur de le voir à mes côtés, de me baigner dans ses yeux.

Un matin parmi d’autres…

Friday, July 3, 2009

Chinatown - histoire de pluie

En route vers le quartier chinois, c’est la pluie qui la rattrape, au début, plutôt timide, insistante ensuite, face à son indifférence. Elle entre dans la ville souterraine acheter un parapluie : joyeusement Renoir.

En sortant, quelques gouttes de pluie laissent filtrer le soleil et le parapluie s’avère inutile. Joyeusement inutile.

Arrivée dans le quartier, elle se salue avec le chiromancien chinois, vieux et habillé de plusieurs chemises en soie colorées différemment, superposées comme les feuilles d’un kimono.

Elle se met à regarder un petit enfant blond qui coure inlassablement après un pigeon. Le pigeon virevolte semblant vouloir entraîner l’enfant dans le jeu.

Plusieurs tours de place s’ensuivent : parmi les gouttelettes de pluie, sous le soleil. Les parents et le frère aîné courent après le blond cadet qui, joues en feu, galope après le pigeon. Jusqu’au moment où le pigeon décide d’en finir avec le jeu et de s’en aller loin de tout atteinte.

À une table en pierre, sur des chaises taillées dans le même matériel quatre jeunes Chinoises picorent dans une assiette. Les gouttelettes de pluie se transforment en gouttes : quatre parapluies s’ouvrent au même instant et, elle les voit déployés autour de la table. Joyeusement colorés de rouge, de bleu, de jaune et de vert.

Maintenant, quatre paires de bâtonnets sortent de sous les parapluies continuant le picorement collectif.

Ah, cette pluie à n’en plus finir!

Histoires de trottoir

File d’attente sur le trottoir : une musulmane, un noir, une asiatique, une indienne, un caucasien… En attendant l’autobus, ils sont alignés comme pour les photos du Gouvernement voulant montrer que toute personne est acceptée dans cette société, sans discrimination de race, de sexe, de langue ou de religion, que tout être humain y est inclus à une condition : qu’il paye ses taxes!

Mon autobus file à vive allure et un sourire tarde sur mes lèvres.

Le même sourire que celui qu’il a fait éclore ce matin, quand après le réveil tardif je suis allée sur le balcon regarder mes fleurs. Chemin faisant, j’ai laissé couler la douce musique chinoise achetée il y a quelques semaines dans le quartier. La musique jouait en essayant de remplacer le picotement de la pluie : trop de pluie, même mes fleurs étaient moroses et susurraient qu’elles en avaient assez…

Et la musique coulait encore quand je l’ai vu venir vers moi : petits pas de femme asiatique habillée de kimono. Il machait ainsi en dépit de son large pantalon de nuit... Pour accentuer encore une illusoire ressemblance, de ses mains, il se levait les coins des yeux. Beau comme un renard des sables qu'il en est! En riant, j’oublie pour la journée un sourire sur mes lèvres…pour toute la journée.

Un autre arrêt d’autobus, une autre fille d’attente : je regarde les gens sans intérêt particulier, quand je le vois et surtout, je l’entends, embrasser son portefeuille (ou plutôt une photo qu’il y avait…j’imagine). Le monsieur est tout à fait banal avec son tee-shirt-bedaine, mais comme ce ne sont que les enfants qui peuvent être embrassés de cette manière, son geste rallume mon sourire.

Tout regard révèle des diamants cachés dans l’anonymat de la foule. À n’en plus fermer ses yeux et à faire des rides aux coins des yeux à force de tant sourire…